La fée – samedi 9 janvier 2016

16 octobre 2015 Par Comité des Fêtes du Quartier Villiers Barbusse

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Comédie dramatique de Dominique Abel , Fiona Gordon , Bruno Romy (2011)
Avec Dominique Abel , Lenny Martz , Emilie Horcholle …

Voici la troisième comédie du trio de clowns franco-belge, Abel, Gordon, Romy. Ceux qui ont vu L’Iceberg (2006) et Rumba (2008), leurs précédentes fantaisies burlesques poétiques, où rôdaient déjà les fantômes de Tati et Keaton, ne seront pas dépaysés, ni déçus. La nouveauté vient surtout de la ville portuaire, ses docks et ses rues géométriques imaginées par l’architecte Auguste Perret, un décor de cinéma grandeur nature que les auteurs de La Fée exploitent à merveille. Comme Rohmer avait si bien su associer les atermoiements des jeunes filles en fleurs avec le dédale des villes nouvelles (Cergy-Pontoise dans L’Ami de mon amie), le trio utilise la beauté cachée du Havre comme terrain de jeu de leurs cascades corporelles : acteurs très physiques, Abel et Gordon s’amusent à triturer dans tous les sens leurs longs corps minces et élastiques, souvent dénudés.

Veilleur de nuit dans un hôtel miteux, Dominique Abel, grand dadais maladivement timide, reçoit la visite d’une fée rousse et dégingandée (Fiona Gordon) qui promet d’exaucer trois de ses vœux. Les deux premiers seront concrets : un scooter et l’essence gratuite à vie. Il sèche pour le troisième. Alors, elle lui dit « prends ton temps » comme on dit « je t’aime », pour retarder le moment de leur séparation. Cette histoire d’amour f(l)ou s’accompagne d’un festival de gags muets et absurdes où l’on croise un serveur myope comme une taupe, une équipe de rugbywomen en état d’ivresse, des clandestins africains prêts à franchir la Manche dans une voiture sans moteur. Sans oublier un touriste britannique qui essaie par tous les moyens d’incruster son fox-terrier dans sa chambre d’hôtel, allant jusqu’à dissimuler l’animal dans une boîte… qui se met à marcher !

La caméra bouge peu, chaque plan-séquence est composé au millimètre. Avec un sens de la dérision permanent. Nostalgiques de l’âge d’or du « slapstick », d’un cinéma qui savait déclencher, en une simple dégringolade, le rire et les larmes, ces néo-Laurel et Hardy se révèlent des as du dérapage contrôlé, mélancolie incluse.
(Jérémie Couston, Telerama)

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